Édito

L’engagement des psychanalystes dans le social, les dispositifs de soins, d’enseignement, a toujours fait partie des options majeures d’Espace analytique. Certes, Lacan a pu dire que les travailleurs de la santé mentale « collaborent » car ils entrent, qu’ils veuillent le savoir ou non,  dans « le discours qui (…) conditionne » « la misère du monde ». Pourtant il a fait, comme Freud auparavant, le choix de l’hôpital et de l’université, pour relayer son enseignement, et mettre la psychanalyse à l’épreuve du lien social, réservant la deuxième section de son École à cette fin[1]. Il n’a jamais démenti ce choix, le confirmant même à la fin des années soixante dix[2]. La question vive demeure du mode d’articulation de la psychanalyse à ces agencements, et les effets de cette mise en tension entre ces divers discours.

Mais cette place de la psychanalyse dans les institutions sociales est régulièrement contestée, et le travail avec les personnes avec autisme, la pédopsychiatrie sont aujourd’hui la cible d’attaques répétées.

L’engagement des psychanalystes dans le social, les dispositifs de soins, d’enseignement, a toujours fait partie des options majeures d’Espace analytique. Certes, Lacan a pu dire que les travailleurs de la santé mentale « collaborent » car ils entrent, qu’ils veuillent le savoir ou non,  dans « le discours qui (…) conditionne » « la misère du monde ». Pourtant il a fait, comme Freud auparavant, le choix de l’hôpital et de l’université, pour relayer son enseignement, et mettre la psychanalyse à l’épreuve du lien social, réservant la deuxième section de son École à cette fin[1]. Il n’a jamais démenti ce choix, le confirmant même à la fin des années soixante dix[2]. La question vive demeure du mode d’articulation de la psychanalyse à ces agencements, et les effets de cette mise en tension entre ces divers discours.

Mais cette place de la psychanalyse dans les institutions sociales est régulièrement contestée, et le travail avec les personnes avec autisme, la pédopsychiatrie sont aujourd’hui la cible d’attaques répétées.

Il est donc important d’annoncer qu’à l’initiative de quelques uns dont certains membres d’Espace analytique, et dans le même esprit que Stop DSM, c’est-à-dire transversal et collectif, a été créé ce Mardi 18 Octobre 2016, à Sainte Anne, « Convergence Autismes Pluriels » ou CAP[3], regroupant des « professionnels engagés dans la prise en charge et l’accompagnement des enfants, adolescents et adultes autistes dans les services publics et associatifs, des personnes autistes, des familles, des citoyens concernés » réunis par une déclaration commune. Celle-ci déplore « les caricatures et attaques contre les équipes pluridisciplinaires du sanitaire et du médico-social, l’utilisation abusive des recommandations de la Haute Autorité de la Santé publiées en 2012, et le climat de suspicion et de haine où l’on cherche à opposer les approches et les méthodes, alors qu’elles peuvent être complémentaires. Sont aussi épinglées l’uniformisation des formations et les entraves aux recherches scientifiques, la place accordée à des organismes privés, en conflits d’intérêts notoires, au détriment des missions du service public. Ce manifeste en appelle à « la réactualisation des recommandations de bonne pratique par la Haute Autorité de Santé, en tenant compte de tous les travaux conduits depuis 2012, l’élaboration d’un nouveau plan Autisme, en assurant une représentativité de tous les acteurs, que ce soit au niveau des associations de parents ou de celles d’usagers et des différents professionnels, la garantie que les recherches engagées à ce jour pour évaluer des méthodes ou des dispositifs de prise en charge de l’autisme puissent être conduites jusqu’à leur terme, et que leurs résultats soient diffusés et pris en compte par la HAS, la cessation immédiate de toute forme de conflit d’intérêt dans les domaines de la formation et du soutien à la recherche. »

Il ne s’agit pas de revendiquer une place dans le dispositif de soin alors que la référence à la psychanalyse est régulièrement contestée (une récente proposition de loi, comme il en arrive, semble-t-il, régulièrement, vient d’être déposée par un groupe de députés proposant de déclarer la psychanalyse « malfaisante »). Il s’agit, pour nous, d’honorer la dette que nous avons contractée avec cette clinique au-delà de celle des névroses qui a permis « la mise à l’épreuve des termes catégoriques et des structures […] (de la psychanalyse et de l’enseignement de Lacan) dans l’examen clinique, dans les définitions nosographiques, dans la position même des projets thérapeutiques », en faisant, en retour, valoir l’intérêt pour les patients de notre approche.

Enfin, on notera aussi comme témoignage d’un possible changement – restons prudent ! – l’annonce  par François Hollande le 19 Mai 2016 du 4ème plan autisme présenté comme « celui de l’apaisement et du rassemblement […] sans préjugés et sans volonté d’imposer une solution plutôt qu’une autre[4] », tout comme, ces jours-ci, la création du Conseil National de Santé Mentale et le choix d’Alain Ehrenberg pour le présider, ainsi que l’amorce d’une réécriture des recommandations de l’HAS pour le traitement des autismes. 

 

Parick Landman

Alain Vanier


[1] Qu’il intitula « Section de psychanalyse appliquée […] ce qui « veut dire de thérapeutique et de clinique médicale. ». cf. J. Lacan, « Acte de Fondation ».

[2] « Peut-être à Vincennes s’agrégeront les enseignements dont Freud a formulé que l’analyste devait prendre appui, de conforter ce qu’il tient de sa propre analyse, c’est-à-dire à savoir pas tant ce à quoi elle a servi, que de quoi elle s’est servie. »

[3] collectifautismespluriels@gmail.com

[4] Voir Caroline Coq-Chodorge, « Les autistes, otages de petits intérêts et de grosses embrouilles », https://www.mediapart.fr/journal/france/180916/les-autistes-otages-de-petits-interets-et-de-grosses-embrouilles?onglet=full.