ÉDITO (1)

Lorsque des journées d’études comportent des travaux exigeants, des intervenants de qualité, avec un échange sur tant de questions essentielles ayant donné aux organisateurs envie de les proposer à votre réfl exion, d’ores et déjà on peut s’en réjouir. Tout au long des exposés, des débats, sur l’ensemble des sujets, on a pu éprouver combien ces journées étaient non seulement bienvenues, mais nécessaires. On sait que l’évolution massive du sexuel dans la société de notre siècle n’a, pas plus en psychanalyse qu’ailleurs, l’assentiment de tous. Et là-dessus, comme sur tous les sujets que nous abordons, il est plutôt mieux que tout le monde ne soit pas du même avis, même si certaines positions, déplorant le nouveau lien social sexuel, résonnent un peu étrangement. Particulièrement lorsqu’elles font face à l’humour de l’historien qui montre de façon pétillante les prescriptions à l’œuvre, il y a deux siècles, d’une virilité assez peu naturelle avec une certaine place assignée au féminin. Il donne ainsi un refl et du chemin parcouru jusqu’à nous et permet de toucher du doigt combien les rôles du féminin comme du masculin étaient prescrits par la loi sexuelle.

Lorsque des journées d’études comportent des travaux exigeants, des intervenants de qualité, avec un échange sur tant de questions essentielles ayant donné aux organisateurs envie de les proposer à votre réfl exion, d’ores et déjà on peut s’en réjouir. Tout au long des exposés, des débats, sur l’ensemble des sujets, on a pu éprouver combien ces journées étaient non seulement bienvenues, mais nécessaires. On sait que l’évolution massive du sexuel dans la société de notre siècle n’a, pas plus en psychanalyse qu’ailleurs, l’assentiment de tous. Et là-dessus, comme sur tous les sujets que nous abordons, il est plutôt mieux que tout le monde ne soit pas du même avis, même si certaines positions, déplorant le nouveau lien social sexuel, résonnent un peu étrangement. Particulièrement lorsqu’elles font face à l’humour de l’historien qui montre de façon pétillante les prescriptions à l’œuvre, il y a deux siècles, d’une virilité assez peu naturelle avec une certaine place assignée au féminin. Il donne ainsi un refl et du chemin parcouru jusqu’à nous et permet de toucher du doigt combien les rôles du féminin comme du masculin étaient prescrits par la loi sexuelle.

Ainsi des psychanalystes se sont massivement attelés, dans leur pensée du sexuel, à la vaste mise à jour que certains leur réclamaient et que d’autres leur déniaient. Elle prend place dans un corpus de pensée dont la première grande étape, avec Freud, a précisément été pour quelque chose dans ce qui a produit l’évolution contemporaine du sexuel. Et la psychanalyse a pu paraître parfois dépassée par ce qu’elle avait elle-même contribué à produire dans le lien social, du moins le lui imputait-on, non sans raison.

Il a donc été particulièrement précieux d’entendre hier matin quelques-uns de ceux qui le pouvaient le penser, et qui nous ont amené des points de vue précis et justes, sur une clinique freudienne « signorellienne », puis d’une autre façon sur une écriture « saphique ». Ce qui nous a permis de nous apercevoir et de faire apercevoir que le partage de ces réfl exions, et l’intérêt qu’elles ont suscité, n’a nullement besoin pour ce faire d’une identité de positions. Ceux des membres d’Espace qui les avaient invités et ont dialogué avec eux ont témoigné de l’ouverture et de la rigueur de leur recherche, d’une part sur l’érotique que l’on peut attendre après une psychanalyse, de l’autre sur l’hétérotisme défi nissant avec Lacan comme « hétéro » qui aime les femmes quel que soit son sexe. Cette recherche est bien décidée à se servir de la théorie lacanienne du sexuel à l’épreuve des remaniements actuels, et montre sa capacité à en rendre compte, à les accompagner. Nous sommes donc sur ce point à pied d’œuvre et la tâche sera longue.

Puis nous avons entendu un point de vue singulier et limpide qui nous vient d’Angleterre, et a montré ce que peut être une clinique, rare, qui scrute point par point ce que les mouvements des mains traduisent, avec une précision d’horloge, d’un corps qui habite le langage. Les mains y sont à tout instant en somme des signifi ants en promenade, témoignant aussi du « et » du corps pulsionnel avec son articulation à son Autre, son aliénation et sa séparation.

J’ai pour ma part attiré l’attention sur la nécessité d’une lecture exigeante du sexuel tel que l’établit le corpus lacanien, dont déjà les textes du matin témoignaient, et sur l’ouverture raisonnée de la clinique qu’elle comporte quant à l’issue possible d’une analyse à cet égard. J’ai aussi attiré l’attention sur quelques conditions auxquelles le dialogue avec la pensée foucaldienne est utile, en aiguisant des points d’écart et en sériant des points de convergence.

Puis nous avons entendu des réfl exions éclairées sur la problématique sexuelle en jeu dans une œuvre cinématographique, une belle description de l’expérience du rapport sexuel dans son rapport au Père, et un récit fort drôle et intéressant des démons de midi comme fantasme fl ambant neuf.

Ont foisonné cette fois encore les talents et la richesse des points de vue dans l’activité des ateliers, expérience tout à fait nécessaire pour compléter notre travail et le vôtre, qui permet à la fois de diversifi er largement les approches, les styles, les positions, et à la fois de plonger l’audience dans un bain familier de groupe de travail, exigible dans notre abord d’une question et particulièrement quant au sexuel. Les thèmes cette année en ont été choisis au plus près de ce qui fait symptôme dans l’actuel.

Un foucaldien de grande qualité, et bon romancier, nous a ensuite fait part de sa manière précise, claire et pertinente d’entendre cette œuvre qu’il a soutenue au plus près, ce qui a ouvert à une discussion qui aurait pu avoir lieu depuis longtemps et aurait pu se poursuivre longtemps. Puis on a parcouru ce chemin qui mène à l’interrogation très vaste des rapports de la psychanalyse et de l’amour, en passant par ce météore que fut l’amour courtois qui nous parle encore, et qui en effet n’a aucun lieu d’être considéré comme un art de la seule privation, mais comme l’ensemble des conditions et des obstacles grâce auxquels un certain acte sexuel est possible. Enfin nous avons suivi une étude sur l’emprise de la passion dont la fi nesse théorique et clinique, fort précieuse pour tous, traverse les écoles, les courants psychanalytiques, les lacaniens et les autres. Puis les rapports de la psychanalyse et de l’amour ont été approchés de façon juste dans les termes diffi ciles de la fi n de l’analyse. Comment la concevoir au moment où le lien social des sexes a tant évolué, comment nos concepts sont appelés à en rendre compte.

Il est extrêmement important pour notre association que nos journées soient de bonne qualité, qu’il y ait pour chacun de nous un intérêt, un plaisir et le sentiment d’une nécessité accomplie, avec la certitude d’avoir appris quelque chose d’important, et l’envie d’entendre et d’accomplir la suite. Cela a été mon cas, j’espère que ce fut le vôtre.

Nous vous donnons rendez-vous l’année prochaine pour de nouvelles journées d’Espace analytique.

La présidente
Gisèle Chaboudez

1. Texte des conclusions des Journées d’Espace analytique, « Penser le sexuel avec la psychanalyse », le 12 mars 2017, Paris.