Séminaire d'été - Transfert/Transmission

9h30-18h30, 92 bd du Montparnasse 75006 Paris

 

TRANSFERT/TRANSMISSION

Danièle Brun-Pierre Marie

S’il est une notion qui témoigne du caractère inouï de la découverte freudienne et de la spécificité de sa méthode, c’est bien le transfert. Plus que cela, ce concept montre, à rebours de tout théoricisme, combien la démarche freudienne ne procède pas d’une théorie a priori, mais de l’expérience : il faudra à Freud attendre 1910 pour commencer à saisir la nature du ressort de la méthode qu’il exerce alors depuis 20 ans.

Que découvre Freud alors ? Qu’il n’y a pas d’expression d’un sujet qui n’implique comme sa condition son lieu d’adresse. Par-delà 3 siècles de métaphysique solipsiste, Freud renoue avec le vif de la pensée de Montaigne : « La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui écoute » (III, 13) ou, comme le disent ses contemporains Ludwig Wittgenstein et Martin Buber, le « je » suppose un « tu » qui en est la condition.

Mais, comment se manifeste cette présence de son lieu d’adresse dans la parole de l’analysant ? C’est le fil rouge que suit à la trace le psychanalyste pour assurer par le déploiement de la réalité psychique de son analysant la direction de la cure.

 Fil rouge dont nous allons déployer toutes les facettes au cours de cette journée : comment il tisse les formations de l’inconscient : rêve, lapsus, acte manqué, oubli, symptôme ; comment il se galvanise dans la négativité de son expression sous le nom de transfert négatif ou comment il s’exalte dans la positivité de l’amour pour nouer la résistance de son procès et figer l’analysant dans une position masochiste.

« Un solide égoïsme préserve de la maladie, écrit alors Freud, mais à la fin on doit se mettre à aimer pour ne pas tomber malade, et l’on doit tomber malade lorsqu’on ne peut aimer par suite de frustration. » Ce précepte freudien est une invitation à se libérer des frontières du narcissisme afin de « placer » sa libido sur les objets et il est à ce titre l’enjeu de l’aventure analytique qui est alors le plus pertinent des apprentissages pour tenter de se libérer des frontières du narcissisme et apprendre à aimer.

À aimer. L’élucidation de ce concept retiendra notre attention, car les formes d’amour dans lesquelles chacun a grandi se révèlent souvent plus pesantes que bienfaisantes et ce sont elles qui éveillent dans le transfert ces mille et une manières de “se faire l’objet du souci” de son psychanalyste où s'entremêlent ainsi narcissisme et masochisme.

Où chacun saisira alors combien la transmission de la psychanalyse suppose l’expérience accomplie de ce déploiement du transfert qui implique non seulement la destitution du « sujet-supposé-savoir » incarné par le psychanalyste, mais l’assomption de la structure de fiction du lieu d’adresse de toute parole.

           

Avec des communications de Gérard Pommier, de André Michels et de Jean-Luc Houbron, Aurore Jesset, Ana Vivet-Crespo, Philipp Haas, Catherine Le Berre, Delphine Houssay, Marie-Pierre Mansuy, Éliane Perasso,  Catherine Saladin, Sandrine Sergent, etc., suivies des conclusions de Alain Vanier et Didier Lauru....